Présentation de la fondation « Mais Oui »
Les porteurs du projet « Mais Oui » ont décidé de créer une fondation pour gérer leur nouveau lieu alternatif. Ce choix est issu d’une longue réflexion autour du type de statut qu’il est possible d’avoir en Belgique pour gérer un patrimoine commun.
Pourquoi une fondation ?
Un Community Land Trust, appelé en droit français Organisme Foncier Solidaire, est une personne morale à but non lucratif ayant pour objet de détenir la propriété de terrains sur lesquels des logements sont bâtis, et ce afin que ces derniers restent perpétuellement à coût abordable, et nettement inférieurs au prix du marché. Pour en savoir plus Wikipedia Community Land Trust.
La fondation « Mais Oui » a un but social avec une charte en cours de rédaction qui permettra de protéger le projet sur le long terme. Le domaine de 10 hectares a été acheté par la fondation. Si un propriétaire décide de revendre son bien, le nouveau propriétaire devra accepter la charte de la fondation. De plus il n’est pas possible de faire des plus-values sur la revente de son bien.
Un calcul interne à la fondation selon certains critères comme le coût de la vie et l’énergie investie dans le projet par le vendeur définira le prix du bien. Si plus-values il y a alors le bénéfice reviendra à la fondation qui est propriétaire du foncier.
L’histoire du Domaine
Le domaine appartenait à la Comtesse de Lannoy jusque dans les années 30 (il a été retrouvé des traces du domaine au 14° Siècle) puis fut cédé au Vatican pour y créer un centre de formation de père missionnaires de la branche des Oblats de Marie Immaculée.
Le château fut ainsi agrandi par une aile droite et une aile gauche et les anciennes écuries furent surélevées pour pouvoir accueillir jusqu’à 150 pères et quelques civils de passage. Les pères et frères occupaient tous corps de métiers (architectes, marionnettistes, philosophes, écrivains, cuisiniers, électriciens, maçons, menuisiers…) faisant de ce lieu un espace en quasi autonomie, modifié sur des bases d’autoconstruction.
De leurs voyages, ils ramenaient beaucoup d’animaux et de plantes exotiques, permettant ainsi de créer une biodiversité avec un arboretum qu’il va falloir retracer grâce à des experts. Le domaine fut abandonné autour de 2010, beaucoup de pères et de frères étant décédés, mais entretenu et gardé néanmoins par une personne de confiance jusqu’à sa revente en 2016.
Lors de la revente du domaine, un promoteur immobilier avait fait une proposition pour construire des logements, une maison pour personnes mentalement déficientes et un incinérateur pour animaux mais que sur une partie du domaine. C’est à ce moment là où les fondateurs du projet sont arrivés. Ils ont fait une proposition de rachat de l’ensemble du domaine pour un projet à but social. Un habitat partagé ouvert sur l’extérieur afin de créer du lien et redynamiser le village de Velaines.
Il a fallu un an de négociation pour arriver à un compromis, finalement c’est les 9 familles de la fondation « Mais Oui » qui remportent le combat et achètent l’ensemble du domaine.
Faisons un petit retour en arrière, comment les neuf familles se sont trouvées pour acheter le domaine ?
Tout a commencé il y a 6 ans lors de réunions sur les habitats partagés. Céline, l’une des propriétaires de « Mais Oui », a participé à cette réunion et fondé avec d’autres personnes un premier groupe très motivé pour vivre ensemble. Cependant après quelques années de recherche le groupe s’essouffla. Mais quelques anciens membres du premier groupe ne perdirent pas espoir. Avec des annonces sur internet et des rencontres avec Habitat et participation, le noyau dur se constitue de nouveaux amis prêts à démarrer une nouvelle aventure.
On retrouve dans le groupe plusieurs types de profils :
- Artistes de profession
- Thérapeutes
- Ingénieur commercial
- Ancienne DRH en reconversion
- Chômeurs
- Retraités
Et plusieurs origines : Des Wallons, des Flamands et des Français. NDLR : Comme quoi les Wallons et les Flamands peuvent bien cohabiter*
Rénovation et aménagement du lieu
Après cette longue attente pour acquérir le lieu, c’est le moment de s’installer. Le domaine fut divisé en plusieurs parties.
Les logements, qui sont actuellement l’endroit où dorment les familles, le château avec ses annexes et le domaine avec ses 10 hectares de terrains.
Sur le domaine on retrouve une source d’eau potable proche de la partie habitation qui est toujours en activité et sert aux familles. Son système de purification d’eau est chimique, la source n’étant pas potable sans.
Dans la partie logement, il a fallu donner quelques coups de peinture, réparer la plomberie et l’électricité. Juste de quoi permettre aux familles de s’installer. Bien entendu il reste encore de nombreux travaux que cela soit dans les communs ou dans le château.
Organisation au sein des logements
Dans la partie logement les familles partagent des pièces communes mais cela n’est pas une obligation. Certains préfèrent avoir un appartement séparé alors que d’autres n’ont qu’une chambre et partagent la salle de bain, les toilettes et la cuisine. Un peu comme une grosse colocation, les courses sont communes, les achats se font chez le maraîcher à 2 km et pour le reste sur Tournai avec une boutique qui ne fait que du vrac.
Pour l’organisation interne et la prise de décisions, les résidents se rassemblent tous les 15 jours de 18 h à 21 h pour aborder plusieurs sujets. Cependant cette méthode arrive à son point de rupture et les réunions qui devaient durer que 3 h s’éternisent pour des problématiques souvent minimes.
Pour palier au problème un intranet a été développé, chacun peut proposer des projets ou lancer un débat. Chaque résident se doit de consulter régulièrement l’intranet pour réagir ou voter. Après un mois soit le sujet est clôturé et tout le monde est d’accord soit le sujet est traité en réunion.
Cette méthode a permis de décharger les réunions mais n’est pas encore parfaite. Certains ont plus de difficultés avec les nouvelles technologies ou ne consultent pas suffisamment le site.
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Gestion du domaine
Dans une dynamique d’amélioration et d’agrandissement de la partie logement, un travail avec un architecte a été mis en place. Pour ce faire, chacun a rédigé un « livre des rêves » qui représente sa vision du lieu. Puis l’architecte a mis en commun tous les livres pour façonner une proposition qui se rapproche au mieux des envies de chacun.
Comme l’entretien du terrain demande beaucoup de temps, 5 hectares sont loués à un fermier qui les utilise pour faire du foin. Le tout sans traitement à la demande du groupe.
Côté jardin, une personne s’est proposée pour gérer un potager qui pour l’instant ne suffit pas à nourrir l’ensemble des résidents mais qui devrait fournir à terme 30 % des fruits et légumes.
Pour permettre une bonne pollinisation et avoir du miel plus tard Céline a commencé à installer une ruche. D’autres devraient voir le jour rapidement.
Consommation d’énergies fossiles
Le domaine n’est pas encore très écolo mais dans l’immédiat cela demanderait beaucoup trop d’investissements pour passer du chauffage au mazout et du gaz pour chauffer l’eau à des systèmes qui respectent plus l’environnement.
Ouverture sur l’extérieur
Le domaine est ouvert aux villageois, régulièrement des coureurs viennent faire le tour du parc et des enfants viennent jouer sur le terrain de basket.
Dans une démarche positive avec le voisinage et pour présenter leur projet, des pots de l’amitié ont été organisés. La première fois cela a attiré plus de 200 personnes, amis, familles et voisins. Les fois suivantes ont connu moins de succès avec environ 70 personnes, ce qui est déjà beaucoup pour un simple pot de présentation.
Les activités au domaine
Quelques activités commencent à se mettre en place. Une balade contée a été organisée sur le lieu qui a attiré 200 personnes.
Le jour même de mon passage, un mariage était en préparation au château, une activité encadrée par Anim’emoa, une association belge rattachée à la fondation et qui pourra à terme apporter un revenu à la fondation (pour la rénovation) et un salaire à la personne qui gérera les événements.
Dans la fondation tout le monde est libre de créer une activité, de la proposer aux autres et de faire venir des personnes extérieures. Par exemple, Céline pense créer un projet thérapeutique dans le but d’accompagner des personnes en quêtes de sens grâce à des stages, pouvant aller jusqu’à un an, qui se dérouleraient sur le domaine.
La mise en place de stages natures pour tous les ages est en cours. Il sera proposé un large choix d’activités comme : apprendre à faire du pain au feu de bois, des feux de camps qui respectent la nature, savoir tailler du bois pour faire des outils et plusieurs jeux coopératifs.
Bien sur si vous avez envie de participer au projet et aux différentes activités, « Mais Oui » accueille des Woofers, des Couchsurfers et organise des chantiers participatifs.
Conclusion
L’habitat partagé de « Mais Oui » est récent et ne demande qu’à s’améliorer et accueillir encore plus de familles. Comme je le disais plus haut, ils recherchent des personnes supplémentaires. Alors si vous êtes seul(e), en couple avec ou sans enfant et que le projet vous intéresse, n’hésitez pas à les contacter via Facebook et faire plus ample connaissance.
Je n’ai passé qu’une journée sur le domaine mais déjà l’envie de participer à un des projets de rénovation m’a attiré. Je pense qu’il y a du travail à plein temps pour créer des activités, rénover et améliorer les logements et le château mais aussi pour entretenir les 10 hectares de forêt et de prairie.
Encore merci à Céline et aux résidents pour cette visite et cet accueil chaleureux. Un petit clin d’œil à Christophe, résident du domaine avec qui j’ai beaucoup échangé sur la vie en fourgon en fin de journée.
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Après huit années de carrière en tant que Freelance spécialisé dans le développement web et e-commerce, j'ai décidé de faire pivoter mon activité et de devenir Digital Nomad. Depuis fin 2017 je parcours la France en van aménagé dans le but de mettre en lumière des habitats partagés et des lieux alternatifs.